IPS (Individual Placement and Support) : Un projet pilote de réinsertion adapté aux travailleurs en incapacité de travail pour raisons de santé mentale
En 2017, notre Service des indemnités a lancé une étude d'envergure consacrée au modèle « Individual Placement and Support » (IPS). La méthodologie IPS a montré son efficacité à l'étranger dans la réinsertion des personnes souffrant de troubles psychiques. Un des principes du modèle consiste à accompagner ces personnes vers la recherche d’emplois le plus tôt possible et à continuer à leur offrir un accompagnement individualisé et soutenu après qu’elles aient trouvé un emploi.
Grâce à cette étude, nous voulons examiner, d’une part, si les résultats seront aussi bons en Belgique que dans d’autres pays et, d’autre part, si nous serons en mesure de les maintenir sur le long terme, c’est-à-dire s’il s'agit de reprises du travail durables. Nous voulons aussi observer la qualité des emplois trouvés et la carrière de ces assurés.
En 2017, notre Service des indemnités a lancé une étude d'envergure consacrée au modèle « Individual Placement and Support » (IPS). La méthodologie IPS a montré son efficacité à l'étranger dans la réinsertion des personnes souffrant de troubles psychiques. Un des principes du modèle consiste à accompagner ces personnes vers la recherche d’emplois le plus tôt possible et à continuer à leur offrir un accompagnement individualisé et soutenu après qu’elles aient trouvé un emploi.
Grâce à cette étude, nous voulons examiner, d’une part, si les résultats seront aussi bons en Belgique que dans d’autres pays et, d’autre part, si nous serons en mesure de les maintenir sur le long terme, c’est-à-dire s’il s'agit de reprises du travail durables. Nous voulons aussi observer la qualité des emplois trouvés et la carrière de ces assurés.
La part de la santé mentale comme cause d’invalidité augmente en Belgique
Au 31 décembre 2016, nous recensions 390.765 personnes en invalidité et recevant à ce titre des allocations sociales. Cela représente plus de 5 % de la population belge âgée de 15 à 64 ans.
En 20 ans, le pourcentage de personnes qui entrent en invalidité pour cause de troubles psychiques a progressé de près de 8 % pour les hommes (de 22 % en 1995 à 30 % en 2016) et de plus de 4 % pour les femmes (de 30 % en 1995 à 34 % en 2016), soit un tiers des personnes en invalidité.
Des pistes pour maintenir ou réinsérer les personnes souffrant de troubles psychiques sur le marché du travail
Une étude de l’OCDE (2013) « Santé mentale et emploi en Belgique » a constaté que les problèmes de santé mentale sont l’une des principales causes d’incapacité de travail en Belgique, mais aussi que de très nombreuses possibilités existent pour remédier à cette situation.
L’OCDE précise que, dès l’instant où un retour à l’emploi (même partiel) s’avère envisageable, une réinsertion professionnelle rapide constitue un outil fondamental dans la gestion de l’incapacité de travail.
Dans son étude, l’OCDE constate également que des articulations existent entre les assurances indemnités et chômage, mais que ce potentiel n’est pas suffisamment exploité pour garder sur le marché de l’emploi les personnes atteintes de troubles mentaux. Elle propose dès lors de développer ce potentiel en favorisant de manière expérimentale la collaboration entre les acteurs de l’assurance indemnités et les services régionaux de l’emploi dans le cadre de trajets de soins, en étroite collaboration avec les spécialistes de la médecine du travail et en responsabilisant les employeurs.
En 2014, notre Centre d’expertise en matière d’incapacité de travail avait lancé une première étude exploratoire intitulée « Quelles perspectives de réinsertion professionnelle pour les assurés de l’INAMI souffrant de troubles mentaux ? » (ULB, Vanessa De Greef). Le protocole de l’étude que nous avions lancée en 2017 dans le cadre du projet pilote IPS reprend plusieurs des recommandations de cette étude exploratoire.
Les 8 principes du modèle IPS
- Poursuivre l’objectif de l’emploi compétitif
- Baser l’admissibilité au programme sur le choix de la personne
- Intégrer les services de réhabilitation (spécialisés dans le modèle IPS) et de santé mentale
- Baser les services prodigués sur les préférences et les choix de la personne plutôt que sur le jugement du conseiller.
- Assurer une recherche d’emploi rapide
- Mettre en place un soutien à durée indéterminée et individualisé
- Prévoir un conseil personnalisé sur les prestations sociales
- Systématiser le développement de l’emploi.
Le projet pilote IPS belge : 1.200 parcours de réinsertion sous la loupe
Dans le cadre du projet pilote IPS, nous suivons 1.200 parcours de réinsertion professionnelle de travailleurs en incapacité de travail souffrant de troubles psychiques modérés à graves sur une période de 5 ans :
- 600 parcours bénéficient d’un soutien par des accompagnateurs spécialisés IPS (modèle « place-then-train ») :
- 340 en Flandre
- 200 en Wallonie
- 60 à Bruxelles
- 600 parcours bénéficient du modèle de réinsertion professionnelle actuel passant par une étape de formation professionnelle avant d’envisager le retour au travail (modèle « train-then-place »).
Une équipe de chercheurs en droit social et en économie de l’ULB encadre le projet pilote. Ils recourent notamment à la méthode des essais randomisés contrôlés.
La construction du programme IPS et de son processus de prise en charge se fait en utilisant les outils de réinsertion existants dans le contexte belge. Des acteurs compétents dans le secteur des soins et de l’emploi prennent en charge le soutien spécialisé, en collaboration étroite entre médecins traitants, médecins conseils, médecins du travail, employeurs et tout autre acteur pertinent pour le parcours de réinsertion professionnelle de chaque travailleur participant au programme.
Des évaluateurs internationaux se pencheront chaque année sur le programme. Ils en mesureront l’application et le respect des principes à travers des critères définis par la méthodologie IPS. L’étude se terminera en 2023 par une évaluation finale.
Nous avons l’ambition de construire un modèle belge respectant le plus possible cette méthodologie, et d’en mesurer les effets pour objectiver les résultats grâce à une étude scientifique rigoureuse. Si les résultats sont aussi positifs qu’ils le sont dans les pays ayant déjà implémentée le programme IPS (20 à 25 % de retours à l’emploi en plus via l’approche « place-then-train », par rapport à l’approche « train-then-place »), ce programme pourrait trouver une place dans l’offre existante d’outils de réinsertion professionnelle.